L’hypnose ericksonienne
par Anne-Sophie Jouan Gros – Tokyo
« C’est seulement quand on peut tolérer de ne pas tout maîtriser qu’on laisse au miraculeux la place de se produire« .
Erica Jong
Dans ma pratique de la thérapie brève et systémique, je peux être amenée à faire appel à ce merveilleux outil qu’est l’hypnose ericksonienne, dite aussi hypnose conversationnelle, mise au point par Milton Erickson (1901-1980) médecin psychiatre américain.
« Ce sommeil qui éveille », très bel oxymore de Milton Erickson, permet à chacun d’accéder à son propre thérapeute personnel, à l’expert qui est en lui. C’est ainsi qu’une triple alliance thérapeutique se met en place. Le thérapeute donne les clés, le patient ouvre les portes, et l’inconscient s’anime.
En France, c’est en 2013 seulement que l’hypnose est reconnue médicalement, sous l’influence du Dr J.M Benhaiem, médecin hypnothérapeute, président de l’Association Française pour l’Etude de l’Hypnose Médicale, l’AFEHM qui assure la formation à l’hypnose à la Faculté de Médecine de la Pitié-Salpêtrière.
L’hypnose ericksonienne est une technique, un instrument qui libère, un accélérateur d’efficacité, incroyablement humain. Le thérapeute n’a aucun pouvoir en hypnose, il a juste la capacité de faire retrouver à son patient un état naturel, un état dit de conscience modifiée qu’il crée déjà sans le savoir environ toutes les 90 mn dans sa vie quotidienne. Car en une journée, nous recevons en moyenne 1 milliard d’informations…donc notre cerveau a besoin de pauses. Ces états hypnotiques furtifs, nous les connaissons déjà : quand on regarde par la fenêtre en s’évadant dans des pensées, quand on contemple une image et que notre esprit divague, quand on lit ou quand on regarde un film et qu’on s’évade en même temps… On est là et on est ailleurs en même temps. C’est un état de conscience qui oublie la réalité environnante et où une déconnexion mentale se produit.
Ce n’est pas une mise en sommeil, c’est une complète relaxation qui permet de nouvelles connections et fait réapparaître le corps et ses sensations. L’hypnose fait plus ressentir que comprendre. Elle permet d’être en relation avec ses ressources intérieures.
Dans notre conscient, il y a une petite voix en nous, cela s’appelle le facteur critique “c’est possible, je vais y arriver »ou « c’est impossible je n’y arriverai pas”. Cette petite voix est construite à travers nos apprentissages et nos expériences. Que cette petite voix soit bonne ou mauvaise, le principe en hypnose est de la contourner et de se déconnecter temporairement de la réalité.
L’hypnose, c’est aussi UN VOYAGE qui modifie la perception de la réalité par des suggestions indirectes, des images, qui ne jouent que sur l’imaginaire. Ces suggestions hypnotiques permettent de recréer des connections neuronales équivalentes à ce que la personne peut vivre dans la réalité. Car nous créons notre réalité à toute instant sur la base de notre imaginaire.
En hypnose, nous faisons souvent appel aussi à notre relation avec la nature. Au Japon la nature est très préservée et joue un rôle majeur dans le quotidien. Elle m’est très inspirante dans les protocoles d’hypnose.
L’hypnose permet de reprogrammer la perception que nous avons d’une situation ou d’une sensation. Sous hypnose, notre perception sensorielle est modifiée. Notre activité cérébrale est démultipliée. L’hypnose est un révélateur de la puissance de notre cerveau.
La mise sous hypnose se fait en passant par 5 C :
– Calme
– Confiance
– Concentration
– Contrôle
– Constance
Pour en savoir plus sur l’hypnose, vous trouverez dans mes recommandations une excellente émission de France Inter, diffusée le 10 septembre 2018. Cliquez ici pour la consulter directement.